vendredi, 25 juillet 2014
Sommeil
"Le sommeil est la moralité même."
Philippe Sollers, Grand beau temps (Cherche midi éditeur)
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lundi, 30 juin 2014
Le monde se passe très bien d'écrivains!
On est célibataire, flottant, dépensier, rêveur. On est persuadé que la vie n'a aucun sens et ne va nulle part. On se retrouve marié, sommé d'avoir des opinions et un plan d'installation, paternisé, chronométré, poinçonné. Écrivain? Qu'est-ce que c'est que ça? Le monde se passe très bien d'écrivains!
Philippe Sollers, Grand beau temps
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jeudi, 29 mai 2014
MANUEL DE CONTRE-FOLIE
Vous êtes fou, c’est entendu, mais vous n’avez aucune raison de préférer la folie des autres à la vôtre. Celle des autres, vous la connaissez depuis l’enfance, elle est lourde, elle vous suit partout, elle essaye, par tous les moyens, de briser la vôtre, que vous avez la folie (c’est le mot) de trouver enchantée, légère.
Vous avez l’intention d’être clair, précis. Il faut que ce Manuel puisse vous servir en toutes circonstances, dans les situations les plus imprévues. La folie est un tourbillon continu, la contre-folie doit être un contre-tourbillon constant. Poison ? Contre-poison. Blessures ? Cicatrices, Cauchemars ? Extases programmées. Mauvaise humeur ? Rires. Problèmes d’argent ? Augmentez les dépenses.
La folie vous guette ? Vous la devinez. Elle s’exprime ? Vous faites le mort. Elle augmente son bruit ? Montez la musique. Elle rentre chez vous comme si elle était chez elle ? Sortez, disparaissez, revenez. Inutile d’opposer à la folie la raison, le bon sens, la décence, la compassion, le respect, le souci de l’humanité ou de l’autre. Par définition, même avec des discours « humains », la folie est furieuse. Elle n’en a pas l’air, mais ça va venir. Cet orage vous surprend ? Cette agression vous gêne ? Vous avez des progrès à faire, c’est urgent.
Plus vous vous sentez à l’aise avec votre folie, plus la folie générale est désorientée par votre existence. À l’aide de votre contre-folie, vous lisez dans les pensées des fous qui se croient normaux. Ils se répètent, vous divaguez. Ils insistent, vous changez de sujet. Ils vous accablent de clichés, vous leur récitez des poèmes.
Le silence réprobateur des fous vous fatigue. Vous en rajoutez donc dans la gratuité, la désinvolture, le narcissisme épanoui. Vous blasphémez allègrement les poncifs moraux, vous dites du mal de toutes les religions et des plus grands philosophes. Avec les folles, pas d’efforts à faire : elles parlent tout le temps, c’est commode. Vous ponctuez de temps en temps, tout en pensant intensément à tel détail de tableau ou de paysage. Vous faites semblant d’être là, vous êtes dehors, et vous oubliez instantanément ce qu’elles viennent de dire. Supposons que vous soyez écrivain : vous avez une phrase à finir, c’est le moment, en plongée, d’écouter mieux sa cadence. Malgré le bruit, ça s’écrit. Comme elles ne lisent rien, vous êtes tranquille.
La folie fait du cinéma, votre contre-folie est astrophysique. La matière noire vous émeut, la découverte du boson vous comble, le néant marche avec vous dans la rue. Vous aimez les enfants, dont la contre-folie est évidente. On tente sans arrêt de les rendre fous, mais ils multiplient les incartades, les jeux de mots idiots, les maladies, les chagrins rentables. Ils sont là pour aggraver la folie de leurs parents, des éducateurs, des maniaques sociaux. Ces emmerdeurs-nés enfantins sont coriaces. Vous êtes comme eux, mais, vous, vous allez le rester contre vents et marées. Ils grandissent, vous rapetissez, ça y est, vous êtes maintenant un atome invisible. Pas besoin de dissimuler, vous êtes caché.
Vous êtes récusé, gardez-vous d’accuser. Vous savourez ce rejet, cet hommage. Plus la folie vous oublie, plus elle s’inquiète de son oubli. Elle sent que son temps est compté, pesé, divisé, alors que vous avez atteint la durée. La folie a besoin de se renouveler pour se répéter, la contre-folie, au contraire, est immuable, comme les mathématiques ou les pyramides sur lesquelles passe soudain un vent frais. Vous êtes dans le désert, servi par des anges. Votre retraite est introuvable, les oiseaux et les papillons vous aiment. La lune, toutes les nuits, vous sourit.
Encore des factures, des rappels à l’ordre, des chèques à remplir, des prélèvements en tous genres ? Vous payez selon votre contrat avec la folie. Après tout, c’est votre employée. Ne soyez pas grossier ni méprisant avec elle, le mépris est un mauvais placement, une faiblesse qu’il faut éviter. Vous ne méprisez personne, vous comprenez. Vous payez vos impôts, vos dettes, vous êtes un citoyen irréprochable, un virtuose de duplicité. Vous ne mentez pas, vous omettez. La vérité est un manteau sombre, une déesse que vous avez rencontrée. Dans votre vie, au fond très simple, les calculs se font d’eux-mêmes, les chiffres se débrouillent seuls, l’ordre règne sans avoir à se prononcer. Vous avez faim ? Vous mangez. Soif ? Vous buvez. Sommeil ? Vous dormez.
Philippe Sollers, Médium, Gallimard, 2014, p. 45-48.
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samedi, 24 mai 2014
Qui est qui ?
Vous savez, j’avais fait le pari de citer intégralement les Poésies de Lautréamont dans mes propres livres. C’est maintenant chose faite, et cela passe très bien.
Philippe Sollers
Entretien avec la revue Pylône, Bruxelles, 2 décembre 2003
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mercredi, 14 mai 2014
La découverte d'un vide créateur
Dans le rapport entre la Chine et le baroque, il y a cette indication que les deux perturbent, en l'englobant, toute l'histoire de la métaphysique. Et cela par le fait qu'il y a introduction brusque de la découverte d'un vide créateur, qui fonctionne aussi bien par l'évacuation de toutes les formes que par leur exaltation.
Philippe Sollers, Grand beau temps
21:48 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers
vendredi, 15 novembre 2013
Temps-Etre
22:04 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers
mardi, 22 octobre 2013
Médium
Le prochain roman de Philippe Sollers s'appelle "Médium" : il sortira en janvier prochain
13:32 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers
dimanche, 18 août 2013
Pensée contemporaine
" La forme de la pensée contemporaine consiste en une vaste réinterprétation de toutes les formes de pensée, de culture ".
Philippe Sollers
Manet, La Prune
11:36 Publié dans citation | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : edouard manet, philippe sollers
samedi, 20 juillet 2013
Paix
"La paix en pleine guerre, voilà le sujet"
Philippe Sollers
16:52 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers
jeudi, 25 avril 2013
Romancier
"Un romancier est quelqu'un qui a vu, au moins deux fois, quelque chose qu'il ne devait pas voir, et qui en triomphe. C'est tout."
Philippe Sollers, Grand beau temps
04:16 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers
samedi, 16 février 2013
Les seuls vrais derniers croyants
"Le plus beau, dans les réactions françaises à cet acte hautement libérateur, c'est le désarroi des laïcards fanatiques. Au fond, les seuls vrais derniers croyants, ce sont eux. "Dieu démission !", titre Libération."
Philippe Sollers
20:54 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers
vendredi, 15 février 2013
Déroulement du Dao
"Le plus simple ou le plus proche sera toujours le plus riche et le plus mystérieux."
Philippe Sollers, le déroulement du Dao, in "Fugues"
Peinture de Wang Wei
10:39 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dao, philippe sollers, wang wei
lundi, 07 janvier 2013
Fragilité
"L'amour ne donne aucune assurance, rend tout fragile, menacé, miraculeux, inespéré, et c'est comme écrire : une page de plus et une journée change de sens. Vous ne ferez croire à personne que vous avez passé des heures à choisir ou à déplacer tel ou tel mot, telle série de syllabes. On vous tiendrait pour fou, et avec raison. Fou comme il fallait l'être, sans doute, pour entretenir jour et nuit le feu d'une cuisson de métaux et passer à travers la matière afin de trouver la pierre philosophale, la poudre de projection, l'or du temps."
Philippe Sollers, Passion fixe
Photo de Jerry Uelsmann
15:58 Publié dans amour, Photo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jerry uelsmann, philippe sollers
vendredi, 28 décembre 2012
Ils croient que parler est gratuit
"Qu'est-ce que Freud a découvert ? Il a trouvé que si les gens voulaient aller dans la vérité de leur discours, pas dans une vérité abstraite, dans la vérité vraie, il fallait qu'ils disent ce qui leur passait par la tête, qu'ils racontent leurs rêves, mais aussi qu'ils payent, pour le dire. (...) Autrement dit, ça signifie que les gens ne savent pas ce qu'ils disent, parce qu'ils croient que parler est gratuit."
Philippe Sollers
Peinture du Titien, détail
11:59 Publié dans Grands textes, psychanalyse | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : freud, psychanalyse, philippe sollers
mardi, 25 décembre 2012
Tous les 24 décembre, à minuit,
"Tous les 24 décembre, à minuit, l’enfant divin vous salue, ainsi que Joseph, Marie, le boeuf, l’âne, les Rois Mages. Qui contrôle le coup du bébé dirige le Temps. Toutes les femmes le comprennent, ce sont elles qui favorisent la chose."
A lire ici, ce texte de Philippe Sollers : L'événenement Jésus
Tintoret, La Résurrection du Christ, Scuoala grande di San Rocco
05:53 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : résurrection, christ, philippe sollers, tintoret
jeudi, 20 décembre 2012
ce qui effraie tout le monde
02:48 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : innocence, philippe sollers
vendredi, 07 décembre 2012
Temper
« Cela n’est jamais dit mais le petit Bach a été un enfant particulièrement joueur, espiègle, effronté, fugueur. En dehors de sa passion précoce pour la musique et de son sérieux aux offices, on l’a beaucoup vu courir dans la campagne, aux environs d’Eisenach. Qui ne l’a pas observé démarrer, détaler, s’envoler, s’arrêter brusquement, repartir comme un dératé, s’allonger les bras en croix dans l’herbe, se relever, courir à perdre haleine, puis s’asseoir et méditer longuement, avant de reprendre ses virevoltes qui ont tant inquiété sa mère, ne peut rien comprendre à sa façon de tempérer, ou plus exactement de temper. Régler la tempête et cette atroce histoire de crucifixion, ressusciter les spirales, voilà le voyage. Et c’est bien ce qui assombrit le visage du roi : la joie étourdissante et enfantine, là, du vieux Bach, sur laquelle le temps n’a aucune prise, sa prière ininterrompue, son mouvement d’adoration perpétuelle, bref son amour. »
Philippe Sollers, les Voyageurs du temps, 2009.
04:10 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : les voyageurs du temps, bach, philippe sollers
vendredi, 23 novembre 2012
temps
"Ce n'est pas le temps qui fuit, mais la présence éveillée dans le temps."
Ph Sollers, Carnet de nuit
Fragonard
19:02 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : philippe sollers, fragonard
mercredi, 10 octobre 2012
« Nous n'avons pas assez de raison pour employer toute notre force. »
Que dit La Rochefoucaud ? « Nous n'avons pas assez de force pour suivre toute notre raison. » Correction de la fille de Madame de Sévigné : « Nous n'avons pas assez de raison pour employer toute notre force. » C'est une femme qui le dit à une autre femme. Ce que je vois se dessiner là, c'est une tout autre conception de la raison et de la force. Lautréamont dans Poésies ne fait pas autre chose que de retourner Pascal, La Bruyère...
13:00 Publié dans Interview | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers
mardi, 05 juin 2012
Recto bar, verso tombeau.
Un tableau qui vous poursuit vous donne l'impression d'être recto et verso. Son recto vous parle de son verson, à vous d'être des deux côtés à la fois. Le Bar est un paquebot vu par un sous-marin à 20 000 lieux sous les mers. Voyez ces hublots d'aquarium, cette foule de poissons morts qui se croient vivants. La bergère, qui sert au comptoir, est folle, c'est entendu, elle a une telle intensité d'absence qu'elle seule va survivre au naufrage. Manet, dans son atelier, a peint un grand panneau égyptien, et la sublime innocente est là comme une momie ressuscitée. Recto bar, verso tombeau.
Extrait de L'éclaircie, Philippe Sollers, roman
02:58 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : edouard manet, philippe sollers